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E - Bonjour Jan. Comment vas-tu ? J - Je suis encore un peu sous le choc après l'assassinat de Theo Van Gogh aux Pays-Bas.Cet assassinat démontre une situation assez précaire en Europe où la liberté d'expression est de plus en plus en difficulté et où j'ai constaté, depuis des années, une croissance de la haine idéologique. Ceux qui se partagent le pouvoir sont en train de mettre la population devant un dilemme dont la solution sera désastreuse pour tout et chacun. E - J'ai trouvé très intéressante l’idée du « poessay », un mot composé de poésie et d’essai. Peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ? J - Un poessay est une description courte d'une idée, sous forme d'un poème : ce néologisme a été inventé par John Pereira, professeur d'anglais au Japon. Il faut savoir qu'au Japon on a l'habitude de s'expliquer en peu de mots, d'où un certain succes du poessay chez les nipponais. E – Penses-tu qu’il s’agit d’un nouveau genre littéraire ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une forme de littérature engagée, quelque chose comme l’aurait souhaité un Sartre ? J -En effet, c'est une tendance poétique dans la littérature contemporaine plutôt qu'un nouveau genre à part entière , mais une tendance qui se prête fort bien à faire de la littérature engagée. D'ailleurs je considère la poésie engagée comme une mission personnelle, un devoir envers une société où on évolue vers un contrôle des consciences : on devient même suspect de ne pas penser correctement ! E – Le site japonais qui a introduit ce genre sur l’Internet m’a beaucoup intéressé, surtout parce qu’on y propose le « poessay » comme un terrain de rencontre entre la culture orientale et la culture occidentale, entre la pensée essentielle d’un Basho et celle, analytique, d’un Aristote. Penses-tu que la poésie ait effectivement le pouvoir d’être à la fois plusieurs choses, plusieurs cultures, plusieurs pensées, même aussi lointaines l’une de l’autre ? J - Je suis convaincu que l'art et la poésie ont le pouvoir et peut-être le devoir de fonctionner comme trait d'union entre différentes cultures et pensées. L'analyse de ces cultures différentes m'est une discipline préférée et j'en fais la projection dans mes écrits mais je ne crois pas dans le mélange : en expérimentant j'ai une fois mélangé différentes couleurs de plasticine et le résultat était une couleur brune ! Mes idées vont plutôt vers un certain éclectisme que les Romains nous ont appris, mais l'art est mondial ,dans l'art tout est possible ou devrait l'être et la poésie est connue pour cacher une idée derrière une autre ! E – Ce mélange de cultures qui est à la base du « poessay » ne pouvait pas passer inaperçu à une personne comme toi, qui a une prédilection pour la rencontre, le rapprochement, la confrontation : ton intérêt pour la traduction va aussi dans ce sens ? J - Oui, certes! Vous pouvez peut-être parler de prédilection, c'est une force intérieure qui me pousse vers d'autres cultures,d'autres langues, d'autres idées surtout et là je n'évite ni le rapprochement, ni la confrontation (d'où jaillissent les idées!). Grâce à internet, le monde est devenu un peu mon village, les langues les vecteurs de mes idées. E – Crois-tu qu’une œuvre traduite ait la même valeur de l’œuvre originelle ? Ce problème du rapport entre l’œuvre et ses traductions, sortes de copies, me fait penser à l’un des personnages principaux des Météores de Michel Tournier: Alexandre, le «dandy des gadoues», qui se fait porte-voix de valeurs anticonformistes et qui proclame : J . Dans la traduction, une valeur ajoutée n'est jamais exclue mais la règle générale se trouve dans votre proverbe magnifique : traduttore traditore ! Jusqu'à présent , je ne suis jamais allé sur le terrain d'autres auteurs , je fais seulement la traduction de mes propres écrits et là je constate que c'est parfois difficile sinon impossible de faire une traduction satisfaisante, d'autre part j'ai constaté que, par exception, une traduction puisse être meilleure que l'original mais il faut prendre en considération que toute cette maïeutique se passe dans le cerveau de celui qui a conçue l'original ! N'oublions tout de même pas que la traduction est nécessaire pour avoir accès au reste du monde et que, par suite, l'impacte d'un texte est plus grand quand il a été traduit. E – Sans en forcer le sens, peux-tu indiquer dans ton profil biographique quelque chose qui explique ou, pour mieux dire, qui donne plus de valeur à tes choix poétiques ? Peut-être le fait d’être belge flamand, de parler et de vivre plusieurs langues ? ou quelque chose d’autre ? J - Comme belge flamand j'ai un peu un profil linguistique spécial : ma langue maternelle est un dialect flamand, ma langue officielle est le néerlandais. Le français et l'allemand sont d'autres langues officielles belges. Et sans anglais on ne sait plus fonctionner dans notre société contemporaine, heureusement il y a l'italien... pour vivre ! E – As-tu écrit seulement pour l’Internet ? Peux-tu nous laisser des adresses électroniques pour connaître ton œuvre ? J - Mes contributions poétiques ont toujours été " pro deo " car je n'ai jamais eu l'intention de commercialiser mes écritures. Ainsi mes poèmes ou poessais ont apparus dans des anthologies et publications littéraires un peu partout dans le monde , jusqu'en Inde et en Australie ! Sur internet c'est un peu la diaspora : on me trouve dans tous les coins du monde. [I miei contributi poetici sono sempre stati "pro deo", perché non ho mai pensato di commercializzare i miei scritti. Così, le mie poesie o "poessays" sono comparsi in antologie e pubblicazioni letterarie un po' ovunque nel mondo, perfino in India e Australia! Sui Internet è un po' la diaspora: mi si trova in ogni angolo del mondo.]
https://www.letteratour.it/interviste/H02theunJ01.htm |
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